Édito Septembre Des cerfs-volants au-delà des murs

De retour, dans un contexte géopolitique toujours aussi préoccupant et violent, quels mots écrire pour cette rentrée de septembre à La Rencontre ?

Entre la joie de nous retrouver, nos projets, notre espérance et un sentiment d’impuissance, de désolation face à ces tragédies meurtrières, à ces dialogues rompus ou bafoués, j’aimerais donner la parole à des poètes, qui résistent par les mots, ouvrent des espaces de vie et tracent tels des cerfs-volants des fenêtres dans le ciel, au-dessus des murs, des tirs d’obus, par-delà les zones de privation, de famine.

Commencer cette année en dialogue avec ces poètes, continuer à les faire vivre par la lecture de leur œuvre, comme ils nous font vivre par leur langue et leur humanité.

Par la vie et l’espérance qu’ils nous donnent à travers ces mots, ils nous rejoignent, tels des anges pour aujourd’hui, et nous invitent à créer, à nous engager dans la liberté et la puissance du souffle créateur. Espérance biblique, espérance poétique, espérance d’un jour meilleur à construire, inlassablement.

Et si la trace de Dieu dans nos vies, la force qui nous anime n’était pas justement dans cette espérance et cette interrogation au creux de notre humanité : qu’as-tu fait de ton frère ?

 

Des mots pour qu’un enfant ici, à Gaza, en Israël, en Ukraine, au Soudan, ou ailleurs, puisse apercevoir dans le ciel ces cerfs-volants, oublier l’espace d’un instant la peur, la tristesse, et croire qu’un jour nouveau viendra.

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Louis Aragon

 

Des mots qui ouvrent notre horizon, nos enfermements, notre interrogation au monde :

Qui suis-je ?

C’est la question que les autres posent. Et elle est sans réponse. Moi ? Je suis ma langue, moi, je suis un, deux, dix poèmes suspendus. Voici ma langue. Je suis ma langue. 

Mahmoud Darwich

 

Ces mots traversent le temps, le ciel, les religions, les territoires détruits, et résonnent avec la première interrogation biblique : Qu’as-tu fait de ton frère ?  Que cette question nous taraude inlassablement face à la guerre, à la violence, à l’injustice. Qu’elle guide nos décisions, nos actions !

Quelle est notre langue ? Que nos mots ne soient pas que des étendards, mais des cerfs-volants qui montrent le ciel et la lumière, et soient aussi des espaces de vie, d’accueil, de pardon, de justice, de réconfort. Qu’ils rendent grâce à Celui qui nous donne la paix et l’espérance !

« Voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap. 25,1).

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